Autre article paru dans La Voix du Nord :
Didier Willery, jardinier de référence, vient de sortir l’ouvrage ultime, celui que rêve d’écrire tout passionné. Il livre tout, à la première personne du singulier, sur ce qu’il connaît le mieux : son propre jardin. Un laboratoire à ciel ouvert qu’il cultive à Camblain-Châtelain depuis vingt-cinq ans.
Visite de 400 pages
Dingue de plantes est sorti il y a quelques jours. Son auteur, Didier Willery, est une référence qui distille des conseils de jardinage depuis trente ans. Alors quand il couche sur le papier vingt-cinq ans d’expérience personnelle dans son propre jardin, on veut savoir. Il a beau dire que « le seul guide, c’est la nature », qu’il faut « se méfier des conseils absolus et qu’il n’y a pas de règle en jardinage », ses plantes préférées, ses pêchés mignons, ses astuces font office d’exemples à suivre. Et quand en plus, c’est bien écrit et illustré, les 400 pages passent comme une fleur. Confortablement installé, on visite le jardin de 2 500 m2 à toutes les saisons. Ne manquent que les odeurs, le goût de la pomme et du raisin, et l’agréable compagnie du guide.
Son ouvrage se compose de quatre grands chapitres dont ceux sur ses plantes préférées et les plus beaux mariages. On apprend ainsi que le jardinier aime la densité : « La terre nue, c’est la désertification, la catastrophe. » Il chérit les feuilles mortes « de l’or dans les jardins», et la passivité maîtrisée. Il garantit qu’il n’a passé que quatre jours à entretenir son jardin cette année. Il est adepte du jardin sans contrainte.
De la pépinière au jardin 2.0
Didier Willery a débuté dans une pépinière à la fin des années 1980. Sa plume lui a rapidement permis de s’offrir quelques lignes dans les meilleurs magazines spécialisés puis de collaborer avec Flamarion et Bordas. C’est sur France Bleu Nord qu’il se fait un nom auprès du grand public avec sa rubrique hebdomadaire jusqu’au début des années 2000.
Jardin et communication n’ont plus de secret pour ce Camblinois qui vénère aujourd’hui Internet. Trois jours par semaine, il travaille comme responsable éditorial chez Ulmer depuis son bureau aménagé dans la cour. Le mardi et le vendredi, il est à Varengeville, en Normandie, dans le jardin de Vasterival où il est conseiller botanique. Le dimanche matin, toujours depuis son bureau, il branche son micro pour intervenir dans une rubrique sur Sud Radio, « comme si j’étais en studio à Toulouse. On parle beaucoup de télétravail en ce moment, je suis en plein dedans ». Le reste du temps, il gère son site Internet ouvert en septembre. « Là où tout ce que je fais est centralisé. »
Grand écart entre la Chine et Camblain
Le conseiller botanique peut aller chercher des rhododendrons à Shanghai, en Écosse ou au Canada pour compléter la collection du jardin de Vasterival mais également aller planter des graminées un dimanche sur le rond-point du bateau à Camblain. Tester la résistance d’une plante sur ce rond-point l’enthousiasme autant qu’une transplantation délicate de rhodo rare : « Ce que j’y ai planté a résisté à la période de travaux. Les ouvriers ont posé leurs big-bags dessus, ça ne se voit pas… » Engagé dans un projet communal depuis que le maire est venu frapper à sa porte, il est en quête de plantes indestructibles, celles qui nécessiteront un minimum d’entretien, d’arrosage.
Il observe ce que la nature offre de plus beau en termes de mariage mais cherche aussi quelle plante pourra résister à un passage de mobylettes ou au piétinement de gamins dans le parc Saint-Quirin. La nature humaine fait aussi partie de la donne dans ce nouveau projet. Et pour l’heure, elle n’a pas encore découragé ce conseiller en espaces verts pas comme les autres.